Interview de Mathieu Klein

Trois ans après son élection en tant que maire de la ville, Mathieu Klein revient sur les transformations engagées et les actions menées.

36 mois placés sous le signe des transitions, de la solidarité et de la proximité. Une équipe municipale au travail, un collectif soudé et une fonction de maire portée avec engagement et conviction. Tour d’horizon.

AVEZ-VOUS TOUJOURS RÊVÉ D’ÊTRE MAIRE ?

On ne naît pas maire, on le devient ! J’avais 17 ans lorsque je me suis installé à Nancy, après mon bac pour y faire mes études. J’y ai ainsi passé la plus grande partie de ma vie. Je m’y suis engagé, j’y ai travaillé, fondé ma famille, et j’y ai été élu pour la première fois en 2004. Nancy, je lui dois beaucoup ! C’est un peu, si on peut le dire ainsi, le chantier de ma vie.

EN TROIS MOTS, COMMENT QUALIFIERIEZ-VOUS CES TROIS DERNIÈRES ANNÉES ?

La première année a été solidaire. Nous avons été élus en pleine crise sanitaire. Nous avons dû très rapidement répondre présent pour les habitants, les commerçants, les entreprises, les étudiants… Les aider, les soutenir, les accompagner dans cette crise inédite. La deuxième année a été celle des décisions structurantes pour l’avenir et des transformations engagées sans commune mesure pour le territoire : la commande d’un trolleybus 100 % électrique, les évolutions du projet de Nancy Centre Gare, l’engagement Urbanloop, le déploiement de la piétonnisation du cœur de ville, le plan de refondation du CHRU… Enfin, pour cette année, j’emploierais le mot d’humilité. Nous sommes dans une période de premières concrétisations des transformations engagées, et je mesure les difficultés qu’elles peuvent générer.

JUSTEMENT, LA VILLE EST EN CHANTIER, N’ÊTES-VOUS PAS ALLÉ TROP VITE ?

Ces transformations sont menées dans des délais serrés, j’en conviens. Mais après des années d’immobilisme, nous donnons un nouveau souffle à Nancy.

Je rappelle que la dernière piétonnisation, celle de la place Stanislas, remonte à 2005. L’urgence climatique, la volonté de rendre le cœur de ville plus attractif, de valoriser son patrimoine et sa richesse culturelle sont autant de raisons qui motivent ce changement. J’ai par ailleurs conscience des difficultés générées par les travaux de la Ligne 1, mais le tram était en fin de vie. Nous devions arrêter les frais. Pour le remplacer, nous avons fait le choix d’un trolleybus 100 % électrique, intégré dans un plan global de déplacements, nécessitant 18 mois de travaux – contre trois années entières, si nous avions opté pour un nouveau tram, d’ailleurs beaucoup plus coûteux !

Imaginez le chantier ! Par ailleurs, les transformations s’inscrivent sur l’ensemble du territoire. D’ici peu de temps, le visage du Plateau de Haye sera transformé, Alstom connaîtra une nouvelle dynamique, les abords de Nancy Thermal seront totalement requalifiés… La ville est en transformation certes, mais elle est en mouvement !

SELON VOUS, QUELLES ACTIONS ONT VÉRITABLEMENT CHANGÉ LA VIE DES NANCÉIENNES ET DES NANCÉIENS DEPUIS 2020 ?

Si les grandes transformations ancrent notre commune dans l’avenir, ce sont les actions du quotidien qui ont une réelle importance pour les habitantes et habitants. Avec l’équipe municipale, nous voulons faire de Nancy une ville plus accueillante pour tous, que petits et grands s’y sentent bien. C’est par exemple le sens de nos politiques publiques en faveur de la jeunesse. Aujourd’hui, les Grands Nancéiens de moins de 18 ans peuvent prendre les transports en commun gratuitement et tous les jours, et celles et ceux de moins de 26 ans se rendre dans les bibliothèques et les musées de la ville sans payer. Pour les jeunes et les moins jeunes d’ailleurs, c’est aussi la possibilité de porter un projet et de le déployer, grâce au Budget participatif. C’est le recrutement d’agents de la police municipale, 16 depuis le début du mandat, et de 20 agents supplémentaires au titre de la propreté, pour lutter contre les dépôts sauvages.

C’est aussi le plan bancs, la multiplication du nombre de places de stationnement vélos, la possibilité de se garer sur les aires de livraison gratuitement durant 30 minutes… Autant d’actions qui facilitent et accompagnent le quotidien des Nancéiennes et des Nancéiens. Enfin, avec l’été qui approche, j’invite toutes et tous à profiter de notre programmation estivale, à se détendre dans les guinguettes et bien sûr à profiter gratuitement de la Plage des 2 Rives, à la Méchelle.

UN MOMENT DONT VOUS VOUS SOUVENEZ PARTICULIÈREMENT ?

L’accueil des premières personnes de 75 ans et plus au Centre Prouvé pour être vaccinées contre la Covid. Nous étions les premiers en France. Un grand moment d’émotion et surtout d’espoir après ces mois si difficiles. L’accueil aussi des premiers réfugiés ukrainiens à l’Hôtel de Ville, quelques heures à peine après avoir été informés de leur arrivée, mais aussi les familles que Nancy est allée chercher en Pologne chez nos amis de Lublin, ces dizaines d’enfants notamment, blottis contre leur doudou, un espace d’humanité, à l’image de ce qu’est Nancy. C’est une formidable mobilisation qui a opéré, celle de tout un territoire, de ses habitants, associations, entreprises, professionnels de santé et agents de la Ville de Nancy, sans qui rien n’aurait été possible.

ET DES MOMENTS RUDES ? VOUS EN AVEZ CONNU ?

Oui, et plus d’un ! Et il y en aura encore. La période actuelle, avec la hausse de l’inflation, la perte de pouvoir d’achat est une période compliquée en elle-même pour beaucoup d’entre nous, et la détresse de certains habitants parfois dans des situations individuelles dramatiques ne laisse jamais indifférent. Tout comme l’inquiétude des familles à la suite des tentatives de règlement de compte entre jeunes au Plateau de Haye. Ce sont des moments intenses, parfois désagréables, mais qui n’altèrent en rien nos engagements et convictions et confortent notre devoir, en tant que Ville, d’accompagner les plus fragiles.

COMMENT PROJETEZ-VOUS LES TROIS PROCHAINES ANNÉES ?

Le cap est clair et notre mobilisation entière en faveur de la qualité de vie, de l’égalité et de l’autonomie. Notre collectif d’élus est soudé, et au travail. Nous avançons ensemble. Il y aura ce qui ne changera pas : le rythme des transformations et des réalisations, de Nancy Centre Gare au Plateau de Haye, en passant par la gratuité des transports en commun pour les plus de 65 ans. Nous avons pris des engagements, et nous continuerons à mener de front les actions du quotidien et les grands projets, en lien avec les habitants, comme nous le faisons depuis trois ans. Il y aura ce qui évoluera. Car bien sûr nous avons appris ! Sur notre façon de dire les choses, de les montrer. Sur les projets aussi. En toute honnêteté, la conjoncture actuelle ne nous aide pas. Nous devrons faire des choix, comme l’ensemble des collectivités de France, d’ailleurs. Le rythme est soutenu et les projets sont denses. Mais nous travaillons sans relâche depuis trois ans, et nous continuerons ainsi – dans l’échange et dans l’écoute, durant ces trois prochaines années.

MATHIEU KLEIN, UNE DERNIÈRE QUESTION : QUE FAIT LE MAIRE EN RENTRANT CHEZ LUI LE SOIR ?

Je commence ma deuxième journée… maire et père. Je retrouve mes trois enfants et mon mari, s’il a fini ses consultations. Et si tout le monde dort déjà, il reste mon chien à sortir !